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RESTAURATION
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Qui, des habitants de Saint-Amand-les-Eaux, n’a jamais vu dans la petite rue derrière l’église Saint Martin ce curieux pavillon de brique, modeste et stylé dans sa conception initiale ? Qui n’a jamais remarqué au travers de la véranda, côté jardin, ce décor en céramique qui montre que ses occupants, au début du XXe siècle avaient du goût et des moyens ? Il s’en est pourtant fallu de peu pour que ce témoin de la vie culturelle du Nord disparaisse complètement et ne laisse que des souvenirs incertains.
Étonnamment,
les derniers occupants, de jeunes squatters de St-Amand-Les-Eaux, auront fait montre de sensibilité.
Dans un tel délabrement en effet, quoi de plus tentant que de parachever par jeu l’outrage du temps.
Tout fut abîmé dans la demeure sauf la céramique.
Étaient-ils devenus en toute innocence,
mais par un respect intuitif, les gardiens de l’oeuvre de Coillot ?

Sauvetage et conservation
des céramiques murales
et monumentales

L'arche de Sandier

Le plafond de Parthenay

L’intérieur comme l’extérieur du bâtiment promis à la démolition étaient très dégradés. Il y a plusieurs décennies, les propriétaires avaient fait des transformations qui accroissaient peut être leur confort mais ne valorisaient pas leur patrimoine culturel. Ils abritaient en effet sous leur toit une œuvre originale du céramiste Coillot, bien connu à Lille pour sa demeure rue de Fleurus, joyau de l'art nouveau.

L’aménagement de ce quartier nécessitant la démolition de cette construction, les dispositions ont été prises avec l’accord de M Alain Bocquet, maire de Saint-Amand et Président de la communauté d’agglomération de La porte du Hainaut, par l’équipe du musée municipal et le conservateur des musées de communauté d’agglomération pour que ces céramiques qui représentaient donc un patrimoine précieux soient préservées. C’est ainsi que deux jeunes consoeurs restauratrices — Marie Petit et Christine Juy — furent invitées à étudier le problème. Face à la difficulté, elles firent à leur tour appel à notre expérience de dépose de céramique murale mise au point pour des oeuvres de Chagall, Deck et Roux (voir les liens de nos articles en PDF ci à gauche ). Voici la technique à nouveau mise en oeuvre.

Toute la céramique a tout d'abord été recouverte de toile fine encollée pour protéger sa surface émaillée. Une structure en tiges d'acier soudées formée de pyramides aux dimensions des carreaux, est ensuite solidement fixée par un adhésif renforcé par application sur le carreau d'un film de colle contact.

Ci-dessus et ci-dessous les étapes de la découpe et de la dépose d'une rangée de carreaux de 2,60 m de hauteur, par Boris Gogibus et Christophe Moorels Un disque de scie au diamant monté sur un rail, découpe alors le mortier de pose entre les carreaux et le mur, sous toute la surface de la rangée de carreau mais pas plus. Une légère pression suffit ensuite, exercée sur la structure en acier solidarisant le rang, pour rompre le joint de mortier et déposer la rangée de carreau d'un seul tenant.

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Déposée à plat sur une planche, la structure est à présent retirée. Une simple lame de cuter suffit alors pour séparer, les carreaux un par un, en faisant glisser la rangée le long de la planche, de façon à exercer une légère pression vers l'arrière, sans risque d'ébrécher la rive émaillée des éléments du décor.

Cette technique complexe à mettre en œuvre, est à la fois efficace et élégante. Toute la difficulté est dans le réglage du plan de coupe qui se doit d'être parallèle à des carreaux qui ne le sont pas parfaitement entre eux.

Son secret tient en une phrase : "c'est le principe de la tablette de chocolat" dont chacun sait que pour cassé un joli carré, il convient tout d'abord de rompre une barre...

Christophe Moorels
sépare ci-dessus la structure en acier du rang de carreaux,
puis ci-contre, découpe la tarlatane
et rompt le joint entre les carreaux
Le travail se poursuit ensuite sur d'autres rangées de carreaux aux dimensions différentes et donc avec d'autres structures en acier au format de ces autres types de carreaux et de rang. Ici successivement les rangées étroites entre portes et fenêtres, puis celles du dessus des portes et des fenêtres.
Boris Gogibus procède à la découpe du 1er rang de dessus de fenêtre
Cet important travail n'aurait pas été possibledans un délai si court, sans l'intelligence de mes deux coéquipiés, Messieurs Boris Gogibus et Christophe Moorels, techniciens expérimentés de la découpe de précision du béton armé. Ils comprirent en effet rapidement et profondément les exigences spécifiques de notre technique de dépose et tirèrent le meilleur partie des capacités de leur machine mise à disposion par Sté Forbéton de Lilles.
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L'équipe est ici au complet (si ce n'est le photographe). Marie et Christine, qui avaient collé la tarlatane, étaient revenue in-extrémis pour apprendre de Christophe et Boris sur les dernières rangées de carreaux l'étonnante technique de "la tablette de chocolat".
pour en savoir plus sur cette opération récente, contactez :

Marianne Grevet
Musée municipal
Tour Abbatiale
Grand Place
53230 - Saint-Amand-les-Eaux
Tel : 03 27 22 24 55

email : tour.sta@wanadoo.fr

Nous avons déjà eu l'occasion de déposer "Le passage de la mer rouge" de Marc Chagall avec une machine de la Sté Forbéton Rhône-Alpes, puis le bas-relief de Roux, "l'eau" présenté au musée de Roubaix avec une machine de la Sté Forbéton Lilles.